Les Rêves Dansants,

sur les pas de Pina Bausch

Anne Linsel, Rainer Hoffmann

Allemagne, 2010, 1h30


En 2008, Pina Bausch, quelques mois avant sa mort, décide de reprendre son fameux spectacle Kontakthof, non plus avec sa troupe, mais avec des adolescents de 14 à 18 ans qui ne sont jamais montés sur scène et n'ont jamais dansé. Ce documentaire est leur histoire...

Le film accompagne le processus des répétitions jusqu'à la première, et on mesure peu à peu ce que ce formidable travail collectif apporte à chacun jusque dans le plus intime de sa vie et combien ce labeur de toute une année peut être une formidable machine à épanouir, à décoincer, à forcer les barrages. On est dans la construction collective, certes, mais aussi dans l'écoute individuelle. La « terrible » Pina assiste à la sélection première, puis à quelques répétitions décisives, et on sent bien à quel point cette grande prêtresse de la danse contemporaine intimide et séduit à la fois. On découvre comment, en quelques commentaires, quelques regards, elle parvient, avec l'aide de deux merveilleuses danseuses de sa troupe, Jo-Ann Endicott et Bénédicte Billiet, omniprésentes au quotidien, à insuffler cette chose si bizarre qui est la force créatrice d'un groupe en osmose avec un leader aimé et admiré.





Il y a des moments doux, d'autres plus agressifs et dans ce condensé de vies personnelles, d'expériences individuelles, le talent des réalisateurs est de nous intéresser constamment aux personnes tout en nous donnant à sentir la progression de l'œuvre, jusqu'à la maitrise finale, où chacun, prenant de l'assurance s'épanouit, se pose dans le groupe jusqu'à lui donner une harmonieuse cohérence. Et c'est fichtrement beau et fort. Pina Bausch est partie juste après au paradis, le 30 juin 2009, faire danser d'autres anges…



Le spectacle de danse « Kontakthof » porte à ne pas s’y tromper la marque de Pina Bausch : il y est question des formes de contacts humains, de rencontres entre les sexes, de la quête d’amour et de tendresse avec toutes les angoisses, les aspirations et les doutes qui en font partie. Il y est question des sentiments qui constituent un grand challenge, particulièrement pour les jeunes.

Pendant presque un an, des adolescents de onze écoles de Wuppertal ont entrepris un voyage émotionnel. Chaque samedi, quarante lycéens de 14 à 18 ans ont participé aux cours de danse dirigés par deux danseuses de la troupe de Bausch, Jo-Ann Endicott et Bénédicte Billiet, et supervisés avec intensité par Pina Bausch en personne.

Le film d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann accompagne le processus des répétitions jusqu’à la première. Nous voyons les jeunes lors de leurs premières tentatives encore maladroites pour transposer les thèmes du spectacle dans le mouvement et la chorégraphie jusqu’à trouver leur propre forme d’expression corporelle. Ils se découvrent eux-mêmes au cours d’un processus qui les conduit à un dépassement personnel significatif. Des contacts doux et timides, mais aussi agressifs, sont condensés en autant d’expériences individuelles que beaucoup de ces jeunes font sur la scène pour la première fois.

Pina Bausch a constamment encouragé les jeunes danseurs à « être eux-mêmes». Derrière leurs mouvements se révèlent les angoisses, les sentiments, les désirs et leurs « rêves de danse ». A la fin, chacun d’entre eux a non seulement grandi mais il est surtout devenu plus confiant en soi, plus indépendant et plus sceptique vis-à-vis des préjugés.

Pina Bausch est décédée le 30 juin 2009. LES RÊVES DANSANTS montre les dernières prises de vues et la dernière interview de la danseuse et chorégraphe célèbre dans le monde entier.




Philippine Bausch était née le 27 juillet 1940 à Solingen, dans la Ruhr, où ses parents tenaient un hôtel-restaurant-café. A tout juste 15 ans, elle intègre l'école pluridisciplinaire autour de la danse fondée par Kurt Joos à Essen, avant de partir, en 1958, pour New York avec une bourse pour la Juilliard School. Cette danseuse déliée y triomphe, mais revient quatre ans plus tard dans son pays natal pour diriger la compagnie attachée à l'école d'Essen.



En 1973, Pina Bausch accepte la proposition d'Arno Wüstenhöfer, qui dirige l'Opéra de Wuppertal, de prendre en main la compagnie de danse classique. D'entrée de jeu et en moins de quatre ans, elle s'empare avec férocité d'Iphigénie en Tauride, d'Orphée et Eurydice, du Sacre du printemps, des Sept Péchés capitaux, de Barbe-Bleue, toutes partitions illustres dédiées au thème de la victime sacrifiée, reniée, meurtrie. Confrontée à Gluck, Stravinsky, Weill et Bartok, elle expose son ambition et crûment la violence, surtout celle exercée à l'encontre des femmes, la domination des hommes.


Toujours basée à Wuppertal, mais invitée régulièrement à l'étranger – notamment chaque saison au Théâtre de la Ville à Paris depuis trente ans –, elle organisait aussi des résidences avec toute sa compagnie dans les métropoles du monde entier, pour puiser la matière de ses nouveaux spectacles. Elle a signé une quarantaine de créations, dont Café Müller (1978), Nelken (1982), Danzon (1995), Masurca Fogo (1998), Nefes (2003), largement encensées par la critique et reprises. Cette grande dame de la danse contemporaine laisse aussi derrière elle une compagnie d'une quarantaine de danseuses et danseurs.



PINA BAUSCH et LE CINÉMA
Pina Bausch a joué une princesse aveugle dans Et vogue le navire, de Federico Fellini (1982) et Parle avec elle (2001), de Pedro Almodovar, montrait de larges extraits de ses spectacles. Elle a elle-même réalisé un film, La Plainte de l'impératrice, en 1989, manifeste baroque à la gloire de la nature et de la déambulation.


Pina Bausch - Parle avec elle




La Plainte de l'impératrice








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2 commentaires:

Laeticello a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Laeticello a dit…

Bonjour!

Ce film sera-t-il reprogrammé?
Je l'ai râté lors de sa sortie en salles, rêve depuis de le voir... en grand (et en 3D?)

Merci!
L.P.