Danse Autisme et Cinéma / Carte blanche à Thierry Niang




Carte Blanche
à
THIERRY NIANG





Mardi 9 décembre 2008 à 20h30
en partenariat avec le Théâtre des Salins, scène nationale de Martigues

en présence de
Marie DESPLECHIN, auteure
Patrice CHEREAU, metteur en scène
Mathias YOUCHENKO, philosophe


Autour du spectacle
« Au Bois Dormant »
Avec Marie Desplechin, Thierry Niang et Benjamin Dupé.
Regard extérieur Patrice Chéreau

du 11 au 13/12 à 20h30 au Conservatoire de danse Henri Sauguet



Les mots ne doivent pas parler pour le corps mais le corps pour les mots. »
Quand rien ne vient de la parole, il vient toujours du corps. Un corps hors de lui-même. Faire danser un autiste - en dansant avec lui, en le dansant - c’est chercher du dehors celui qui est dedans ; et c’est ce que j’ai tenté lors des rencontres avec chacun des quatre adolescents depuis juillet 2007.
Souvent Marie et encore Benjamin et Patrice ont été là.
On dit que ces corps sont privés de gestes et pourtant des gestes, il en arrive de partout.
Ce sont des gestes qui mettent en vie un corps. Un fragment de paupière, un soupir, des muscles qui vibrent, la cheville qui tremble, les orteils qui se soulèvent.
Jamais auparavant auprès des autistes, je n’ai vu autant de gestes, d’aussi beaux gestes : gestes nerveux, lignes claires dans l’espace ou mouvements brisés, lenteur ou immobilité, arabesques maladroites, torsions enroulées, formes éphémères, torsions des bras ou des jambes. L’envol des bras, le balancement du buste, les doigts qui se détachent de la main ou encore la tête qui roule d’une épaule à l’autre.
Un lieu du monde.
Thierry Thieû Niang


Quand j’ai regardé Thierry Thieû Niang danser avec les adolescents, je me suis demandé qui attirait l’autre dans son jeu. Etait-ce Thierry qui conduisait Mathieu ou Emilien à son mouvement ? Ou était-ce l’adolescent qui l’emmenait jusqu’à lui, lui imposant doucement les gestes qui conviendraient ? Du danseur ou des adolescents, lequel était joueur de flûte ? Qui, exactement, menait la danse ?
Thierry était la puissance invitante : c’était à son initiative qu’ils se retrouvaient. Il proposait le jeu commun, et il initiait les mouvements
Mais c’était Mathieu ou Emilien, le roi, le prince de royaumes désolés, qui l’invitaient à se produire autour d’eux. Ils recevaient ses gestes comme autant d’hommages inquiets à la toute puissance de leur malheur. On aurait dit qu’ils consentaient à y répondre, et manifestaient leur contentement avec une réserve effrayée. C’était une chose fascinante de voir se passer ces deux événements simultanément. Soudain, il n’y avait plus de bon et de mauvais monde, le bon monde du partage contre le mauvais monde de l’isolement. Le mauvais monde n’était pas aboli miraculeusement au profit du bon. C’était plutôt comme d’assister à la naissance d’une grande entreprise diplomatique. Ou à l’instauration d’une zone pacifiée où il serait possible, un temps, de se retrouver.
Et cela, certainement, était dû à la danse.
Je me suis figuré que la danse venait avant. Avant la sculpture, avant la peinture, avant la musique même. Qu’elle arrivait d’abord, dans l’histoire de tous et de chacun. Elle était tellement ancienne qu’il n’était pas possible d’en garder la trace, sauf à supposer qu’un autre art, un art de la représentation, la peinture par exemple, s’en charge.
Pour la danse, en somme, c’était tout de suite et puis plus jamais. C’était à répéter encore et encore. La danse ne disait pas, elle ne représentait pas. Pas de mot. Pas d’image. De l’instant, du mouvement, du souffle, de la répétition. J’ai pensé que la danse était peut-être l’ambassade la plus intelligente pour établir des passerelles entre les mondes, entre le monde des enfants, de Mathieu ou d’Emilien par exemple, et le nôtre, celui de Thierry et le mien par exemple.
Des ambassades et c’est tout. Pas de civilisation, pas de colonisation, pas de progrès en vue.
Une rencontre heureuse, dont la plus grande réussite serait de faire naître le désir d’une autre rencontre, son attente. Je me suis souvenue de deux maximes de Clément Rosset. « La nature des choses consiste en les choses, et en elles seules. Il n’est, il n’a jamais été ni ne sera jamais de présence que du présent. »
Et « Sois l’ami du présent qui passe, le futur et le passé te seront donnés par surcroît. » J’ai lu, dans un texte littéraire écrit par des personnes non autistes, qu’on ne savait rien sur l’autisme. Une énigme. Un mystère. Rien quoi. Mais ce n’est pas ce que disent les livres écrits par des personnes autistes.
Ce que Thierry et les adolescents en dansant montrent ce n’est pas rien.
C’est autre chose.
Marie Desplechin


Donc deux personnes que je connais et que j’admire et que j’aime voir ensemble.
Marie Desplechin, dont je connais l’écriture, dont j’admire les livres et, plus encore si c’est possible, la personne qu’elle est, son regard sur les gens, son aptitude à raconter le réel avec son humour et sa vitalité. Une amie avec qui j’espérais pouvoir travailler un jour, avec elle, autour d’elle, sans savoir comment.
Et Thierry Niang, dont je connais le travail depuis quelques années maintenant et qui m’a accompagné dans les trois derniers spectacles que j’ai faits, Così fan tutte, De la Maison des Morts et Tristan et Isolde. Trois opéras où il s’agissait toujours pour nous de faire parler les corps. Ma découverte de son travail : la particularité de son trajet, sa connaissance du plateau, l’acuité de sa pratique - stupéfiante quand on le voit travailler avec les enfants autistes qu’il amène à la danse, à une forme de langage et de réponse rien qu’en dansant avec eux. La beauté tranquille de son langage chorégraphique, sa capacité à faire improviser des acteurs, à savoir regarder les gens – acteurs, chanteurs, tous. Gratitude pour ce travail commun que nous avons fait cette année à Vienne et Aix-en-Provence, cette Maison des Morts de Janacek avec Pierre Boulez dont nous avons fait la mise en scène ensemble, attentifs, je crois, l’un à l’autre, prenant soin toujours de regarder ce que faisait l’autre, ce qu’il aimait et ce qui le dérangeait.
Et ces deux personnes-là vont travailler ensemble aujourd’hui, et voici qu’elles m’ont demandé de les regarder, simplement de dire ce que je vois, ce que j’imagine, non pas pour me substituer à eux, mais juste proposer des pistes, une dramaturgie peut-être, imaginer un espace avec eux, des lumières. C’est un travail désintéressé et nouveau, je ne l’ai jamais fait pour personne et j’ai eu envie ici d’accepter. C’est la compagnie de Thierry Niang qui fait tout, Marie et Thierry parlent, se parlent, les enfants autistes les réunissent, l’une écrit, l’autre danse, et moi, je me rajoute.
Et je les regarde.
Patrice Chéreau






Faire et regarder la danse, ailleurs et autrement Le mouvement dansé comme outil de recherche, d’expérimentation et de pensée devient le lieu de partage des imaginaires, des langages et des cultures.

Explorer la réalité et l’imaginaire inscrits dans chaque corps c’est à dire partager diverses activités physiques et théoriques sous la forme d’ateliers et de rencontres.
Réinventer des rapports et des manières de faire et créer une dynamique de recherche autour de la création et la transmission, en s’autorisant la possibilité d’essais et de formes multiples de présentation.
Tenter des rencontres interdisciplinaires, croiser des théories et des pratiques autour du mouvement dansé et de ses environnements pluriels auprès d’autres artistes, d’autres compagnies et d’autres lieux pour ainsi « faire corps pour faire sens et faire signe ».

Cette saison il crée « AU BOIS DORMANT » avec MARIE DESPLECHIN, écrivain et BENJAMIN DUPÉ, musicien à partir d’un travail auprès d’adolescents autistes création en décembre 08 aux Salins, scène nationale de Martigues puis en tournée à Châteauvallon, Dijon, Istres, Clermont Ferrand et Paris.

Il prépare aussi un duo avec CATHERINE GERMAIN/ ARLETTI « UN AMOUR » sous les regards de FRANÇOIS CERVANTES, FRANÇOIS RANCILLAC, LAURENT FRECHURET et autres invités pour l’été 09 et met en scène la lecture de « COMA » de PIERRE GUYOTAT par PATRICE CHÉREAU au Théâtre de l’ Odéon à Paris.

Il collabore aux dernières créations de FRANÇOIS CERVANTES (« UNE ÎLE et LE DERNIER QUATUOR D’UN HOMME SOURD) et de NATHALIE RICHARD ET ELINA LOWENSÖHN pour « DRAMES DE PRINCESSES » de ELFRIDE JELINEK à Marseille.

Il co-signe aussi la mise en scène de « LA DOULEUR » de MARGUERITE DURAS avec PATRICE CHÉREAU pour DOMINIQUE BLANC aux Amandiers à Nanterre en décembre 08 puis en tournée à Saint Quentin, Douai, Nantes, Caen, Lons le Saunier, Villefranche, Conflans, Boulazac, Ollioules, Epernay, Pantin, Tarbes, Mons, Gradignan, Grasse, Arles, Sète, Reims, Sartrouville, Chalon sur Saône, Angoulême, Lyon, Voiron, Perpignan, Pézenas, Cavaillon, Le Mans, Clermont-Ferrand, Joue les Tours, Meylan, Bordeaux, Boulogne sur mer, Ajaccio et Bale en Suisse, Gérone en Espagne et au Luxembourg…

Thierry Thiêu Niang reprendra en automne 09 « DE LA MAISON DES MORTS », opéra de LÉOS JANACEK au Metropolitan Opera à New York et à la Scala à Milan.


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Et le Cinéma ...?

Paradoxalement, c'est l'étrangeté que représente l'autisme dans notre monde, souvent dur à l'égard de ce qui le dérange, qui est à même d'exhiber en le révélant ce qui appartient aux corps communs : un sourire, un mouvement des yeux, des cris parfois, autant de gestes sans lesquels un visage ne serait rien d'humain, là ils apparaissent tels qu'en eux-mêmes ils sont, surgissent d'eux-mêmes sans que rien ne les annoncent ni ne les justifient par après.

Cinéma et Autisme
Quelques repères...


SEULS
de Olivier Smolders et Thierry Knauff

France, 1989, 13mn
Prix du meilleur documentaire, Festival Bruxelles, 1989
Prix du meilleur court-métrage, Festival de Turin, 1989

Prix de la recherche au Festival de Clermont-Ferrand, 1990



13 minutes pour approcher au plus près et au plus juste de jeunes autistes de l'Institut psychiatrique pour enfants "La petite maison" à Chastres, par un dispositif plaçant le spectateur dans un sentiment de sidération. Par une proximité quasi physique entre l’image et le corps, altérité et identité se synchronisent en pure émotion.





Plus qu'un film sur l'autisme, il y va d'un film sur les corps, les corps en tant qu'un handicap donné les faits capables de mouvements imprévisibles. Ce n'est donc pas d'un documentaire qu'il s'agit. Rappelons encore que nul commentaire ne vient étayer les images, les expliciter, ni détourner l'attention de l'éventuel malaise avec laquelle nous pouvons les recevoir. Et le sentiment qui nous reste quand ce film s'achève, c'est que les gestes brusques, violents dans la mesure où ils viennent rompre l'harmonie de l'ordre sur lequel quotidiennement notre regard se pose, sont beaux et éloquents. C'est donc encore une rupture qu'il s'agit de filmer, une fracture du visible opérée par de jeunes enfants qui habitent l'espace en en défiant les règles, ce qui est au demeurant une manière saisissante de le donner à voir. Le mur blanc devenu obstacle au mouvement de la tête d'un enfant nous apparaît tel que nous ne l'avons jamais vu ni ne pouvions le voir. Qu'un corps soit indifférent à sa présence en fait surgir un aspect inédit et le transforme sensiblement. Le mur est là pour rien, il n'est obstacle que pour nous qui le voyons et ne pouvons le toucher. De même, les mouvements souvent imperceptibles que tout visage contient en puissance sont ici décuplés, radicalisés.
Rodolphe Olcèse



Un Silence Particulier
de Stefano Rulli



Italie, 2005, 1h15
David di Donatello 2005 : Meilleur film documentaire
Festival du Film International de Vancouver 2005 : Meilleur documentaire

Biennale de Venise 2004 : Premier Arca Cinema Giovani - film digitale 

ANNECY CINEMA ITALIEN 2005
 :

Prix Spécial du Jury, 
Prix Spécial du Jury CICAE



Il y a trente ans, un élu anonyme du Conseil régional de la province de Parme, Mario Tommasini, me dona la possibilité d’entrer dans des lieux psychiatriques restés fermés pendant un siècle et de raconter de l’intérieur les souffrances d’une humanité soustraite depuis toujours au regard des autres. Une expérience extraordinaire qui nous a permis de connaître de près des hommes et des femmes qui avaient connu une situation de marginalité terrible et de leur donner la parole. Dans Fous à Délier, l’émotion de ceux qui pour la première fois se sentaient en droit de raconter leur propre histoire et de ceux qui la filmaient était au cœur du film. En arrière-plan, à peine suggéré, le mystère de la folie fait de relations humaines, comme celles qui lient les épouses, les époux, les pères, les mères, les enfants « différents », difficiles à raconter si ce n’est qu’à partir d’un vécu quotidien.

De nombreuses années plus tard, la vie m’a contraint à connaître cette situation existentielle de l’intérieur. Avec ma femme, Clara Sereni, nous avons expérimenté ce q’on éprouve en tant que parents d’un enfant qui a des problèmes psychiques : les regards effrayés des autres, la fuite silencieuse des amis et des connaissances, la compassion de qui se sent renforcé dans sa moralité par la différence de l’autre. Et ensemble, nous avons choisi d’affronter cela non pas en jugeant moralement les autres mais en leur donnant la possibilité de mieux connaître la condition du malade mental et de ceux qui vivent avec lui, en offrant des éléments afin de regarder la différence d’une autre manière et de s’en tenir moins éloigné.

Le soir où Clara, Matteo et moi avons vu le montage final du film, nous étions seuls, dans notre appartement à Pérouse, à nous rassurer devant notre télévision par des regards indiscrets. À la fin du visionnage, nous sommes restés silencieux. Nous nous sommes regardé longuement, comme des paysans un peu fatigués après une journée de travail. Puis Matteo m’a fait l’un des sourires, juste ce sourire, pour me dire qu’à la fin de ce voyage, même s’il avait été difficile et parfois douloureux, nous étions sans doute un peu plus ensemble qu’avant.
Stephano Rulli



Elle s'appelle Sabine
de Sandrine Bonnaire



QUINZAINE DES REALISATEURS - CANNES 2007 -
PRIX DE LA CRITIQUE INTERNATIONALE FIPRESCI


Pour désigner la démarche d’un réalisateur, les critiques parlent parfois, de "geste" cinématographique. Pour le coup, le terme s’applique avec une merveilleuse simplicité au premier film de Sandrine Bonnaire en tant que réalisatrice. Elle s’appelle Sabine n’est en effet qu’un geste, tout entier résumé par son titre : il s’agit de nous donner à voir (plutôt que nous "montrer") un être humain singulier ; une singularité marquée par le handicap, sans pour autant s’y résumer.
Sabine est la sœur cadette de Sandrine Bonnaire. Enfant "différente" puis adolescente "inadaptée", elle a peu à peu sombré dans ce que l’on ne diagnostiquera que des années plus tard, après un passage destructeur en hôpital psychiatrique, comme une forme d’autisme. Mêlant le passé (images tournées à l’adolescence, notamment lors de vacances en famille ou d’un voyage des deux sœurs aux Etats-Unis) et le présent (au gré d’un long séjour dans l’institution spécialisée où (re)vit maintenant sa sœur), Sandrine Bonnaire nous donne le temps de connaître Sabine et de mettre sur des mots (autisme, handicap) et des symptômes qui font peur, une histoire et des sentiments.
Pour inconfortable qu’elle soit (pour dire les choses crûment, Sabine —celle d’aujourd’hui— se déplace et parle lentement, le dos voûté et le regard fixe ; Sabine parfois crie, frappe, bave ; Sabine pose inlassablement à sa sœur les mêmes questions dans les mêmes termes : "est-ce qu’après ma sieste tu seras encore là pour moi ? est-ce que tu reviendras me voir demain ? et après-demain, est-ce que tu seras là à nouveau ?"), cette expérience est parmi les plus émouvantes et les plus enrichissantes que l’on ait vécues pendant tout le Festival. Et l’on ne voit pas, sur l’ensemble de ceux qui nous auront été présentés lors de ce Festival, de personnage qui nous ait plus touché dans son (et notre) humanité.
Bouleversant, Elle s’appelle Sabine est également utile : le film dresse le constat du manque de structures d’accueil spécialisées pour les enfants et les adultes handicapés , qui met les familles aux prises avec des choix déchirants : garder leur fille, leur fils, leur frère ou leur sœur à la maison, au risque d’une déstabilisation de leurs vies personnelles, ou les interner dans les seules structures disponibles, souvent l’hôpital psychiatrique, décision dont on voit les effets destructeurs sur la personne de Sabine.

Dossier & Entretien :




Extrait :





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Le Moindre Geste
de Fernand Deligny



Nous sommes en 1963, dans un village cévenol où Fernand Deligny a trouvé refuge avec quelques rescapés de La Grande Cordée, une association créée des années plus tôt, "tentative de prise en charge en cure libre d'adolescents caractériels, psychotiques, délinquants ". Le scénario, manifestement inventé jour après jour, prend appui sur une fable imaginée par Deligny : un garçon s'échappe de l'asile, un autre (Yves) part sur ses traces, et erre longuement dans le paysage...
C'est l'histoire d'un film qui ne ressemble à rien. D'une force rare et indicible.
Un film vagabond, tourné hors des sentiers battus, hors de tout cadre de production, sans technicien ni acteur...

Josée Manenti fait partie de la minuscule équipe qui accompagne Deligny. Cette jeune femme, qui deviendra psychanalyste, prend, pour la première fois de sa vie, une caméra. Le film n'est peut-être qu'un prétexte. Il s'agit avant tout de créer de la matière pour structurer, nourrir le quotidien. Yves fera donc l'acteur. Il a 20 ans. Josée l'entoure depuis des années : il fait partie des rescapés. Elle le filme avec une incroyable science de la lumière et du cadre, anticipant sur chacun de ses gestes, sur ses moindres mouvements, devinant l'imprévisible. Les images sont muettes. Il n'y a pas de preneur de son. Pas de dialogues. Mais chaque soir, de retour au village, Yves raconte sa journée dans un magnétophone. Saisissants monologues proférés, beuglés d'une voix venue des profondeurs. Inquiétante étrangeté. Le tournage durera deux ans...La suite n'est pas moins surprenante. Deligny et les siens quittent les Cévennes. À peine commencé, il a fallu arrêter le montage, faute d'argent. Les images et les sons échouent au fond d'une malle, qu'ils vont trimballer pendant 4 ans, d'un bout à l'autre de la France.En 1969, par l'intermédiaire d'un ami commun, la malle atterrit à Marseille, chez un jeune opérateur, Jean-Pierre Daniel. Il ne connaît ni Josée, ni Deligny, et ne sait rien de cette aventure, mais peu à peu, il va s'approprier ces images, les monter, leur fabriquer un destin...Aujourd'hui, ce film nous est donné à voir. Il faut s'y précipiter. Ces images comme hors du temps, ces images obscures, lumineuses, âpres, irréductibles sont de la plus grande acuité.
Nicolas PHILIBERT


Dossier:


(cliquez sur le document)


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